La mort rode
Et je voudrais l’enterrer
Lui tordre le cou
La noyer dans la couleur
Laisser encore couler
Des flots de douceur brassée d’herbes chaudes
M’en réchauffer le corps
Et la rependre à plat sur toile humide.
Laisser la tache se déposer
Sur le champ de gris sourds
Et retrouver mon âme.

L’orage m’a traversée
Je retourne à l’eau
A la lisière d’une joie qui n’arrive pas à poindre.
Déposer, laisser reposer, regarder, reprendre
Laisser la tache trouver sa place dans l’espace.

Etre à l’écoute du vent
Attendre la goutte d’eau
Celle qui va déborder du vase
De mes pensées desséchées
Et redonner du cœur
A l’ouvrage entamé.

Jacottet mon ami
Relu dans le doute
La canicule a desséché mes larmes
Et je cherche l’inspire
Pour un nouvel élan.

Sevrée des faux semblant
Je redécouvre cette place
Ma place

A genoux,
Lavandière ou estampeuse
J’imprègne ma toile
Mon linge au mur
Différence sensible
Entre linge et toile
Exploration de cette différence
Qui me nourrit

De quelle nourriture suis je faite ?

Le vent dans une barque haute
Est venu de la rivière
Chargé d’un souffle
De graines jaunes.
Qu’elles se collent à mon pinceau
Ce matin si dénudé !
Que l’orage grondant
Arrose la semence !

| Caty banneville (printemps 2015 - Clécy)