Linterrecorps | Photographies de Marie-Céline Nevoux-Valognes

La femme sauvage,

Dans les années qui ont suivi ma sortie de l’Ecole des Beaux Arts, je donnais des cours d’expression libre à des enfants.
C’est au cours d’une de ces séances, en jouant avec la terre, que nous avons exploré le plaisir de la matière et du corps. Très vite, à l’époque, il s’agissait pour moi d’explorer de profonds lieux de souffrance affective et personnelle. M’engager physiquement avec la matière a permis de m'en libérer, de les mettre à jour avec tout l’inconscient dont ils étaient empreints

Ces expériences m’ont en quelque sorte servi de thérapie : les séances étaient devenues nécessaires et presque rituelles. Impossible aujourd’hui de ne pas les rapprocher des rituels primitifs de certaines sociétés africaines et asiatiques.

En 1988, j’ai commencé à peindre la toile, nouvelle partie de ma vie créative qui occupe aujourd’hui tout mon temps et mon espace.

La rencontre avec mon amie Marie Céline venant photographier mon travail a sans doute réactivé le phénomène, souvenir de l’œil nouveau posé sur, engendrant une nouvelle communication, un désir aussi de travailler l’immédiateté dans la présence intime de quelqu’un, sans réfléchir et en lâchant les gestes et la couleur. Le rituel de ces instants rejoignait alors celui déjà exploré dans les années 80 pour à nouveau découvrir les pulsions sauvages de la femme vieillissante que je suis devenue.

Présente encore en moi, cette facette de ma personnalité n’aurait certainement pas trouvé à s’exprimer sans une complicité féminine de tendresse et de profonde compréhension. Comme si une nouvelle couche de mon histoire pouvait être mise à jour par une femme plus jeune que moi et servir de questionnement sur notre condition.

Peau intime du monde au travers des âges, la terre nous renvoie à un corps commun qui donne une lecture dénudée de sens esthétique et nous ramène à l’enfance.

| Caty Banneville

PEINTURES ET PHOTOGRAPHIES | PRINTEMPS 2009 Photos © Marie-Céline Nevoux-Valognes