Les textes

Caty a dû manipuler beaucoup d'objets et chercher des espaces avant de rencontrer la peinture. Elle a gardé de ce temps le goût des actes et de la réalité physique, subtile, domptée, devant la surface d'un tableau. L'exigence permanente de la peinture semble désormais faite pour ne pas lui échapper. Les tableaux en séries anonymes sont abordés sur le mode des passages. Tous à tour laissés pour d'autres, elle revient sans cesse sur chacun jusqu'à ce que tous révèlent progressivement leur identité. Viennent les traits d'abord qui s'expriment comme des non lieux de l'écriture, de longs signes pourtant rapides dans cette stridente discrétion commune à tous ce qui ne se laisse pas aborder par le sens, un monde sans pose et sans poids fait de ces griffures enchevêtrées qui donnent au brouillage une paradoxale netteté d'intention.

Caty Banneville délègue ses gestes aux plaques sérigraphiques. Elle procède avec pudeur, préférant assister à l'émergence des phénomènes. La manière fait confiance à ses sources. Les traits ont une origine qui la dépasse. Ces écrans de tissu reçoivent des applications végétales, additionnées d'apports calligraphiques. Comme les anciennes « impronte » utilisées dans la pratique traditionnelle de la fresque, ils sont apposés sur la toile du tableau par l'entremise d'un liquide photosensible. Les rayons ultraviolets cuisent les motifs qui reportent leur empreinte. Ainsi chaque tableau est une palette de fibres, riche de ses aleas sans reconnaissance possible, même pour l'auteur. Les toiles à dessin non préparées sont lavées après avoir reçu l'empreinte. S'affirme pour les jeux de traits sauvages la sensation de passage. Le dessin qui résiste se fait trace. Il s'en exhale une étrange atmosphère d'indécision. Vient ensuite la couleur diluée, déposée dans la toile. Sous les effets de l'eau, l'encre s'étale sans perdre sa teneur. Dans son mélange avec l'encre, l'eau révèle l'éclat dans l'humide. Devenus pochoirs, les motifs sont toujours des réserves de vitalité organique, même s'ils ne sont plus que l'esprit d'une forme, même si le milieu liquide ouvre le miroir sans tain vers une profondeur sans perspective, car secrètement, en palimpseste, les saison, sont toujours présentes dans ces fantômes de brins d'herbe.

Manipulations, moyens et méthodes formulent des procédés. Souvent, l'artiste aujourd'hui s'en tient à la pure activité plastique comme si l'énoncé de la démarche tenait lieu de sens. Par l'équilibre entre matériau et manière, Caty Banneville échappe à cette rhétorique. Elle ne craint pas de passer du côté de l'illusion et du paysage par des repérages de touffes d'herbe, d'étendues fragmentées afin d'évaluer les densités, les cadences, les ruptures de masse, les variations tonales du naturel. Traditionnellement dans la peinture, les masses sont génératrices de l'ordre intérieur du tableau. Elles sont ici remplacées par un monde organique rapporté du monde sauvage par l'alchimie photographique qui aurait supprimé l'image pour ne garder que la matière et l'espace.

Pendant longtemps, Caty Banneville a sculpté le textile. Elle a gardé le goût des constructions sans préalable, des motifs orthonormés. C'est peut-être aussi ce qui la rend si proche de l'écriture dont la procédure est tout aussi modeste et serrée qu'elle est complexe et aléatoire sans jamais suggérer de sujet virtuel, sans rien attendre du vide de la toile.

La couleur vient de l'encre dont elle porte toute la sémantique ; calligrammes, taches, empreintes, aplats photographiques, laissant à l'écart les empâtements et la gestuelle de la touche picturale. Seul peut-être le jet d'eau qui lave les surfaces apporterait quelque sonorité à ce rituel si généreux.

Dans une nouvelle étape de son travail, le peintre s'attarde plus que de coutume sur le lavage des encres, tous en conservant la régularité de sa procédure ; l'arrivée sur la surface des couleurs fluides transforme la perception des motifs graphiques. Nous étions dans l'impressionnisme physiologique dont on admirait l'exigence formelle, à condition qu'il soit habité, nous allons vers l'impressionnisme psychologique. La couleur échappe à la rigueur des applications, elle tend à créer ces illusions d'espaces qui font le lit de la métaphore. La toile ne s'en tient plus au répertoire des identités textiles et végétales. La surface prend corps, le grain apparaît. Les champs colorés produisent une luminosité sèche qui détourne l'attention des manipulations tandis que l'imprégnation forge sa temporalité.

Pour ces nouveaux tableaux, la démarche est dangereuse mais bien sûr courageuse, puisque la couleur piège les signes et les processus purement plastiques pour les recouvrir de son autonomie scientifique. Elle accapare le sens et fige le regard dans ces partis vides qui dans les premières séries servaient de miroirs aux traits calligraphiques et aux motifs végétaux. Apparaissent aussi des jeux d'ombres qui ressuscitent les intensités lumineuses symboliques, abandonnant l'unité chromatique qui composait auparavant la texture organique. Pour autant l'approche originelle, le complexe graphique auront été suffisamment élaborés pour résister aux nécessaires séductions de ces passages colorés. Malgré la tension du paysage, le tableau reste innommable.

Dans le passage d'une source à l'autre des impressions, processus appliqué d'une quête de l'illusion métaphorique, se trouve le but que propose Maurice Blanchot « que le tableau devienne la profondeur élémentaire qui s'ouvre et se referme ».

La quête de l'illusion dénote la belle inquiétude que soutient l'accomplissement et le dépassement de la fabrication artisanale, mais aussi l'énoncé conceptuel, afin, dit Soulages, que «  la peinture ne repousse pas le sens mais lui permette de se faire et de se défaire ». Comme Soulages, Caty Banneville se méfie de la plastique gestuelle et s'en tient à l'application de ses bouquets de signes concrets.

Par chance aucun de ses modèles culturels envahissants ne vient troubler la source où elle observe. Les microcosmes secrets, les bouts de champs n'ont  besoin que de signes de substances et de métier et la forme naîtra dans le support.

Alain Tapié

1998 - Conservateur du Musée de Caen

2011 - Actuellement Conservateur en chef du patrimoine et Directeur du Palais des Beaux-Arts de Lille

« Je fais le portrait des fleurs » me dit un jour mon amie Caty alors que nous sortons de son jardin du bout du monde. « Je ne les représente pas, je raconte leurs peaux gorgées d'eau à la naissance, leur épanouissement puis leurs replis jusqu'à la flétrissure ». Tout autour de nous, des terres cultivées, un chemin qui descend vers la rivière et la maison ouverte sur le paysage.

     Le Ham : havre de solitude et de paix, bout de terre entourée d'eau, d'arbres et de lumières changeantes.

     Il y a d' abord l'eau, la rivière où Caty se baigne. Celle qui régénère et fabrique les brumes qui invitent au rêve, l'eau qui invente les reflets, différents à chaque saison, l'eau vivifiante jetée sur les toiles, vivante et apaisante. Arrive la terre bombée des alentours, terre de genêts et de rochers affleurant, terre de bruyère et d'arbres puissants, inclinés vers la rivière ou tendus vers le ciel, réseau mystérieux de branches, de feuilles et d'herbes où déchiffrer l'alphabet de la nature. Toutes ces fibres comme une graphie naturelle, écriture originelle d'où jaillit la peinture. Les roches où Caty s'agrippe non loin de la cascade, socle qui enserre les racines comme on protégerait un système sanguin. C'est la peinture qui renvoie à la nature et non le contraire, la peinture ouvre le regard.

Toujours ensemble, nous marchons, touchons les herbes, plongeons dans la rivière, autant de rituels qui déclenchent les paroles profondes :

« Je me suis réfugiée dans ce lieu comme dans la solitude de mon enfance. Personne ne semblait comprendre ce qui m'habitait et je me sentais tellement différente des membres de la famille que j'ai eu peur d'être à jamais une autre pour les autres. Je rêvais pour m'enfuir, je me frayais des chemins pour passer les murs de ma chambre, voyant dans le papier peint décollé, les vitres givrées, le bois travaillé par le temps, la fente qui m'ouvrirait d'autres mondes. Je me suis réfugiée dans les traces comme si elles portaient en elles la possibilité d'échapper à la réalité.

C'est encore ce que je cherche à traduire, inlassablement, quelque chose qui soit entre l'estampe et la peinture, dans la légèreté. C'est la matière du tissu qui m'a d'abord attirée: ma grand-mère était couturière et matelassière, ma mère mercière. En m'installant au « Ham » l'idée d'une impression graphique sur un tissu de lin brut m'est apparue comme une synthèse du temps. Cette nouvelle technique me permettait d'explorer autrement l'espace de la toile, de l'asperger d'eau pour diluer les couleurs, de jouer à cache-cache avec les traces et les superpositions.

Verser, laisser sécher, décanter, chanter: tous ces termes me rapprochent encore de l'origine, de la couture et de teinture, des gestes anciens. Au contact du tissu, je retrouve mes lieux d'enfance, ces moments où je cherchais avec énergie derrière les traces, la percée des horizons.

Quand je peins, c'est la densité de la couleur le premier désir, celui qui traverse mes toiles comme des périodes de ma vie intime. Chaque couleur est porteuse d'un principe de vie. Pour le rouge et le pourpre, il faut l'énergie physique des débuts de printemps; pour le bleu des brumes, revenir au calme de l'hiver, à l'effacement. La lumière construit la toile en éclairant dans l'interstice qui me permet de voir depuis les territoires de l'enfance.

Je peins des fleurs pour rythmer ces cycles de couleur, fleurs à peine écloses ou violemment ouvertes, qui appellent une gestuelle spontanée tandis que sèchent les lavis de mes toiles sur lesquelles le temps s'écoule avant de s'étancher.

Au sortir de l'atelier, le jardin, c'est le repos. Les effluves de la terre réparent et éveillent de nouvelles sensations pour le lendemain. Trois pas en avant, trois pas en arrière, trois grandes bouffées d'air.

Je ne me jette pas sur la peinture, je la laisse venir, me prendre, me troubler; elle n'est plus la délivrance d'une douleur vive mais un rituel nécessaire. Une façon d'atteindre des forces qui me dépassent, telluriques et mystérieuses. La technique est avalée, assimilée, juste besoin d'outils qui correspondent à ma sensualité. Des pinceaux chinois, des balais, des marmites où décantent des mixtures d'encres et de pigments.

La petite fille qui joue à la sorcière, celle qui rêve en s'asseyant dans l'herbe, celle qui hume les senteurs de la terre, se trempe dans la rivière et se salit en préparant des soupes improbables.

J'ai résisté au temps parce que je suis sauvage. J'ai affronté les ombres qui me faisaient peur, j'ai enlevé des peaux qui m'encombraient et les lambeaux des murs, pour des matins clairs...

En définitive, je suis une femme peintre qui récolte la substance des jours »

Sur le chemin, toutes deux, ensemble remontant la pente, je regarde les arbres et les fleurs autrement. Tout danse désormais et me rappelle Sei Shônagon, femme japonaise qui au 10ème siècle, nota au pinceau la liste des choses et des moments qu'elle ne voulait pas voir mourir.

Sophie Lucet

Maître de conférences en études théâtrales à l'université de Caen, auteur de nombreux essais universitaires consacrés à l'écriture théâtrale, également romancière.

Il est connu que les lieux conditionnent les caractères. Les montagnards, les marins, les gens des plaines n'ont pas le même genre de personnalité.

Avoir grandi dans les marais marque l'esprit d'une façon toute singulière. L'eau en miroir du ciel, les brumes enveloppantes, la planitude des paysages, la lumière changeante forment le théâtre visuel quotidien. La végétation y dessine une géométrie naturelle entre plantes herbacées verticales et plantes ligneuses basses.

Caty Banneville est peintre de l'eau, de la lumière, des végétaux. Elle est née à Moon sur Elle, commune du Parc Naturel Régional des Marais du Cotentin et du Bessin.

Sa technique, développée au long de son parcours artistique, mêle intimement les éléments de l'enfance. La fibre du lin, les pigments végétaux ou minéraux, la lumière et de l'eau en abondance sont les principaux éléments des recettes qu'elle concocte dans son atelier.

Les paysages naturels dans lesquels Caty évolue sont sa principale source d'inspiration. Les jeux de lumière, les brumes, la silhouette des plantes, la verticalité et l'horizontalité, le geste calligraphique entrent dans la composition de ses toiles. Jusqu'à la saisonnalité qui préside à la naissance de ses séries : fleurs au printemps, couleurs en automne et paysages en hiver.

Chris Hédou Divaret

parcours professionnel en action sociale, coaching professionnel et désormais agent d'artiste

Je n'ai presque jamais cessé, depuis des années, de revenir à ces paysages qui sont aussi mon séjour.
Je crains que l'on ne finisse par me reprocher, si ce n'est déjà fait, d'y chercher un asile contre le monde et contre la douleur, et que les hommes, et leurs peines (plus visible et plus tenaces que leurs joies) ne comptent pas assez à mes yeux.
Il me semble toutefois qu'à bien lire ces textes, on ytrouverait cette objection presque toute réfutée.
Car ils ne parlent jamais que du réel (même si ce n'en est qu'un fragment), de ce que tout homme aussi bien peut saisir (jusque dans les villes, au détour d'une rue, au dessus d'un toit). Peut-être n'est-ce pas moins utile à celui-ci (en mettant les chose au pis) que de lui montrer sa misère ; et cela sans doute vaut-il mieux que de le persuader que sa misère est sans issue, ou de l'en détourner pour ne faire miroiter à ses yeux que de l'irréel (deux tentations contraires, également dangereuses, entre lesquelles oscillent les journaux et beaucoup de livres actuels). Des cadeaux nous sont encore faits quelquefois, surtout quand nous ne l'avons pas demandé, et de certains d'entre eux, je m'attache à comprendre le lien qui les lie à notre vie profonde, le sens qu'ils ont par rapport à nos rêves les plus constants. Comme si, pour parler bref, le sol était un pain, le ciel un vin, s'offrant à la fois et se dérobant au cœur : je ne saurais expliquer autrement ni ce qu'ont poursuivi tant de peintres (et ce qu'ils continuent quelquefois a poursuivre), ni le pouvoir que le monde exerce encore sur eux et, à travers leurs œuvres, sur nous. Le monde ne peut devenir absolument étranger qu'aux morts (et ce n'est même pas une certitude).
Mais je ne veux pas dresser le cadastre de ces contrées, ni rédiger leurs annales : le plus souvent, ces entreprises les dénaturent, nous les rendent étrangères ; sous prétexte d'en fixer les contours, d'en embrasser la totalité, d'en saisir l'essence, on les prive du mouvement et de la vie ; oubliant de faire une place à ce qui, en elles, se dérobe, nous les laissons tout entières échapper.
J'ai pu seulement marcher et marcher encore, me souvenir, entrevoir, oublier, insister, redécouvrir, me perdre. Je ne me suis paspenché sur le sol comme l'entomologiste ou le géologue : je n'ai fait que passer, accueillir. J'ai vu ces choses, qui elles-mêmes, plus vite ou au contraire plus lentement qu'une vie d'homme passe. Quelquefois, comme au croisement de nos mouvements (ainsi qu'à la rencontre de deux regards il peut se produire un éclair, et s'ouvrir un autre monde), il m'a semblé deviner, faut-il dire l'immobile foyer de tout mouvement ? Ou est-ce déjà trop dire ? Autant se remettre en chemin…

Philippe Jaccottet

Ecrivain, poète, critique littéraire et traducteur vaudois.

 

Traits, fibres végétales, silhouettes décharnées de l'automne
Sérigraphies sur toiles
Spontanéité de l'encre, fluidité, sobriété
Résurgence d'un « il y a longtemps », l'enfance accrochée à une herbe
Folle, l'enfance aux genoux égratignés, traversant ronciers et sous-bois
L'enfance se balançant à la pointe du roseau, vagabonde et
Changeante

Le temps s'en mêle
A démêler les fils de la mémoire
Pouce, il faut une pause
Un temps se pose
A se frotter à l'écorce de l'arbre
A retrouver le chemin des nervures, sous la peau
A se laisser couler, à contretemps, au courant de ces eaux mémoriales
Jusqu'à la révélation
Le contour, l'ombre déjà retrouvée
Le mouvement fugitif autant que prégnant
De l'herbe foulée sous les pieds nus courant en quête d'un éphémère
Ressaisis là
Mouvement et sensation

Encres sérigraphiques
Ecoline
Pour l'au-delà de l'impression, l'imprégnation

Puis les toiles lavées à grande eau en manière de baptême
En un geste rituel
Une mystique tentée ainsi

A la source
De ce que serait notre part d'être
De même fibre que l'arbre centenaire, l'herbe verte bientôt séchée
Retournant à la terre pareillement

Alors vient le temps du regard
S'aiguisant à la courbe du pinceau
S'essayant en touches et retouches
Le temps des métamorphoses
Toile et peinture mêlées, enchevêtrées
Tissant l'empreinte végétale
Liant aux bruns de la terre des voiles de brume mauve
De blanches lumières dénudant les champs

De ces espaces forcés
Les couleurs suintent
Comme des troncs la sève
Puis s'estompent pour durer
Simples traces de ce qu'elles furent
N'est plus que l'eau glissant sur la paume des feuilles.

Une offrande

Sylvie Robe

Responsable artistique du Théâtre du Signe de Caen, Directrice artistique des Editions « Fais-moi signe », Auteur, comédienne

 

De chaque jour que fait le temps transparaissent des effluves, certaines ou incertaines, qui parviennent à pénétrer l'intimité de nos sens. S'inscrivant ainsi, insidieusement, dans les tissus de chair, elles se fossilisent pour constituer les strates individuelles.
De chaque jour ressort l'ébauche d'une capacité à inscrire et à écrire. De ce mouvement continuel, aux rythmes les plus divers, naît l'expression. Qu'elle soit mouvement, geste, cri, chant ou silence, elle est le lieu même de l'existence.
Celle(s) de Caty Banneville se pose sur le souffle retenu ou expiré d'une écoute attentive à ce qu'offre le monde dans ses tonalités les plus diverses. Des sinuosités saisonnières aux sérénités atemporelles, le lieu de son expression semble s'établir délicatement aux confins du mouvement dans tout ce qu'il y a de plus vivant.
Lentement, la toile devient l'espace d'une rencontre entre le dehors et le dedans au point que l'un et l'autre s'interfèrent jusqu'à l'inversion.
C'est alors que l'être devient l'enjeu d'une alchimie étrange d'où jaillit ce que l'on pourrait appeler « l'être au monde ».
Equilibre incertain entre les éléments et la chair de ces éléments, cet étrange espace est celui de l'expression.
Lorsqu'un geste se revendique c'est que l'alchimie de la rencontre opère et que la constitution d'un langage est en branle. L'univers des toiles de Caty Banneville s'impose comme les prémices d'un dialogue entre les composants de cette alchimie.
De sa perméabilité au monde et surtout aux conversations des éléments, elle a su cerner les murmures de chacun et à la manière d'Héraclite, elle a su surprendre le chuchotement, des rivalités de tous les microcosmes du monde.
Son geste bref et stratifié suggère alors l'alliance contradictoire qui détermine tout espace, l'ébauche d'un espace, l'émergence d'une forme, la déclinaison d'une couleur, la signature d'un geste, la rigueur d'une contradiction, constituent l'univers d'une réaction – celle de la particularité.
Du hasard à la maîtrise en passant par l'attentisme concentré de la perception, le geste de Caty Banneville s'éprend des dynamiques insoupçonnées qui se jouent au creux du monde.
Comme un recueil de contes, ses toiles chuchotent les histoires de mille et un périples au cœur de notre histoire.

Emmanuelle Dormoy

à l'origine du Centre Régional des Lettres de Basse-Normandie, a été Responsable des Affaires Culturelles au Conseil Régional de Basse-Normandie puis Administrateur Général de l'Orchestre de Basse-Normandie. En 2010, Créatrice de l'agence culturelle de conseil et d'organisation de projets : IVOIRE

Migration, 2007 | 130x130 cm PAR ALAIN TAPIÉ
 
 
Hiver 2010 | Photo © Caty Banneville PAR SOPHIE LUCET
Magnolia, 2007 | 100x100 cm  
 
« Brumes à la rive », « Mist ashore » | 100 x 100 cm
PAR CHRIS HÉDOU DIVARET | 2011
« A la lumière de la lune 1 et 2 » | 150 x 30 cm

PHILIPPE JACCOTTET | Paysages avec figures absentes
Peuple de l'herbe pourpre, 2007 | Détail SYLVIE ROBE | En réponse au poème que délivre chaque toile
EMMANUELLE DORMOY | L'architecture du murmure
« Brume d'artichaut », « Artichoke mist » | 30x 100 cm